Peu intéressés par la campagne, peut-être, mais fortement mobilisés pour ce 1er tour de l’élection présidentielle, assurément. Avec près de 80% de taux de participation, les Français se sont massivement rendus aux urnes dimanche 22 avril.
Qu’ont-ils exprimé ? Un désarroi et/ou de l’adhésion. Le résultat du Front national, qui atteint 18% des voix, est historique. Devançant assez significativement le Front de gauche, le parti d’extrême droite a su capter les inquiétudes de ceux qui se sentent "déclassés" ou craignent de l’être et notamment d’une partie des couches populaires qui, pendant 5 ans, ont été délaissées tout en subissant de plein fouet la crise.
Italie, Danemark, Pays-Bas, Hongrie ou plus récemment Finlande, la France non plus n’échappe pas à la vague populiste qui touche toute l’Europe. Cette crise économique, qui a rendu plus audibles les discours xénophobes et la dénonciation des élites et des dirigeants, se double d’une crise démocratique. Aujourd’hui, l’idée d’une France qui doit se replier et fermer ses frontières pour survivre trouve un écho tout comme l’entreprise de dédiabolisation du FN par Marine Le Pen. Ces résultats sont aussi la conséquence d’une certaine politique du gouvernement, qui a trop souvent joué sur les peurs, divisé la population, en a stigmatisé une partie et instrumentalisé la laïcité. Sur ces points, les électeurs ont préféré l’original à la copie.
Comment tenir compte de ce vote ? Le président candidat s’est empressé d’appeler "tous les Français qui mettent l'amour de la patrie au-dessus de toutes les considérations partisanes" à le rejoindre, des membres de la majorité ont tenté de relancer un débat sur la burqa et le droit de vote des étrangers (sic). N’ont-t-ils pas retenu la leçon de ce 1er tour ? Ont-ils entendu les véritables préoccupations des Français que sont l’emploi, le pouvoir d’achat et l’avenir de leurs enfants ?
S’il ne faut pas ignorer la colère et les angoisses qui se cachent derrière un tel vote, pour la Ligue de l’enseignement, les réponses résident plus que jamais dans une République qui tienne ses promesses : d’égalités, de justice sociale, de libertés et de fraternité en actes. Et cette République n’a d’avenir que dans une Europe démocratique et sociale.
Parution : 03/05/2012